Chapitre 27

 

Sébastian se jeta sur Kaderin, l’attrapa par les bras puis se laissa retomber sur le lit en la serrant contre lui.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? protesta-t-elle, sans réussir à prendre l’air furieux.

Comment aurait-elle pu, alors qu’elle avait envie qu’il se jette sur elle depuis qu’elle avait touché son torse superbe encore humide ?

Après la nuit qu’ils venaient de passer, elle savait qu’il était superbe de partout.

Les regards brûlants qu’il lui avait jetés pendant qu’elle s’habillait ne lui avaient pas échappé, mais apparemment, c’était la discussion scientifique qui l’avait mené au point d’ébullition – elle sentait l’énorme érection pressée contre elle. La science. Elle aurait dû s’en douter : les livres accumulés au château n’avaient rien de romans de gare.

Il se plaça à califourchon sur elle en lui levant les bras au-dessus de la tête. Dans la caverne, la veille, puis au fil de la nuit, il lui avait montré sa force. À présent qu’il la maintenait, elle l’imaginait de nouveau en train de la prendre sauvagement, de tout son corps souple et rude…

Kaderin fronça les sourcils. « Ma taille m’a plutôt desservi avec les femmes », avait-il déclaré, au réveil. Sans doute s’agissait-il d’un des euphémismes dont il était coutumier et avait-il été cruellement rabaissé par une ou deux maîtresses potentielles. Mais pourquoi éprouvait-elle soudain l’envie irrésistible d’arracher les yeux des garces qui lui avaient fait une chose pareille ?

— Embrasse-moi, Katia.

Il était beau, avec son air serein. Près de sourire, apparemment. Irrésistible.

— Et pourquoi ferais-je une chose pareille ? demanda-t-elle, le souffle court.

— Parce que tu aimes ça, Valkyrie.

Il en était visiblement fier. Et il avait raison, par Freyja ! À ce moment-là, il sourit.

— Seigneur, j’adore être avec toi.

Elle sentit son cœur s’arrêter de battre en voyant les lèvres pleines s’incurver sur des dents régulières, deux crocs presque invisibles, d’une blancheur éblouissante qui contrastait avec la peau bronzée de son visage. Ne le regarde pas. Elle succombait à son charme, de plus en plus conquise, au point qu’elle dut chercher fébrilement des raisons de le détester. Il se nourrit de sang… se nourrit de sang… Il mord !

— Forcément. Je suis ta fiancée, lui rappela-t-elle.

Il lui lâcha les poignets et se redressa.

— D’accord. Une compulsion mystique me pousse vers toi. Ça n’a rien à voir avec l’aperçu de ton fonctionnement mental que je viens d’avoir ni avec l’admiration qu’il suscite en moi. Et encore moins avec le fait que tu m’aies donné cette nuit plus de plaisir que je n’en avais jamais connu.

Elle scruta d’un œil aigu son visage sérieux.

— C’est vrai ?

— Cette nuit et ce matin ? Oui, je n’avais jamais rien vécu de pareil, admit-il tranquillement.

Elle le croyait, mais ne le comprenait pas. Ils n’avaient même pas fait l’amour. Et bien des femmes avaient dû lui tourner autour, prêtes à tout pour lui plaire. Par moments, il manquait d’assurance, certes, mais ç’avait été un aristocrate séduisant, intelligent, et un officier de haut rang.

Si elle l’avait croisé à l’époque où il n’était encore qu’un timide mortel, elle l’aurait acculé dans une grange pour faire de lui ce qu’elle aurait voulu.

— Et toi, Katia ?

La voix grave baissa encore.

— Dis-moi que je t’ai donné du plaisir, la nuit dernière.

À propos de manque d’assurance… C’était maintenant à elle de rougir en détournant les yeux.

— Dis-le-moi ou embrasse-moi, comme tu voudras, si tu veux que je te laisse partir.

Elle poussa un petit grognement de frustration.

— Tu sais très bien que tu m’en as donné… tu étais là. On a failli s’écraser à cause de la foudre !

Il se pencha pour lui gronder dans le cou :

— Quelle belle manière de partir.

— Alors, pourquoi me poser la question ?

Il s’écarta.

— Parce que je compte bien me rendre nécessaire de cette manière. Si tu te sens excitée… (Il l’embrassa sur la clavicule.)… je veux que tu te tournes automatiquement vers moi pour trouver l’apaisement.

Il était à la fois si arrogant et si timide, si direct et si furtif… des contradictions qui la fascinaient.

— Et toi ? demanda-t-elle.

Il lui caressa la joue du bout des doigts.

— Je ne voudrai jamais personne d’autre que toi, tu le sais pertinemment.

— Pourquoi… pourquoi avais-tu envie de mourir ?

Elle ignorait d’où venait la question, mais brûlait soudain de connaître la réponse. Pourquoi était-il seul là-bas, dans son château ?

— Je… Ah… Ce n’est pas tellement que j’avais envie de mourir, c’est juste que je ne voyais pas l’intérêt de continuer à vivre.

Comme elle fronçait les sourcils, il ajouta :

— Je t’expliquerai. Un jour.

Elle détourna les yeux.

— Pas de problème. Tu ne me dois rien.

Il lui posa la main sur la joue pour l’obliger tendrement à le regarder en face.

— Je te le dirai. En temps voulu. Je te dirai tout ce que tu voudras. Il ne faut pas que le moindre secret subsiste entre nous, parce que… parce que j’ai bien l’intention de t’épouser.

— Hein, quoi ? Ouh la !

Elle s’éloigna de lui à quatre pattes, en proie à une peur viscérale. Voilà. C’était pour ça que la nuit passée n’aurait pas dû avoir lieu. Ni même cette matinée durant laquelle ils s’étaient préparés ensemble, exactement comme un couple qui partage une tasse de café et un beignet avant de partir au travail. Sauf qu’ils ne mangeaient ni ne travaillaient.

N’empêche qu’elle n’avait pas vu arriver le sujet du mariage. Elle paniquait. Le gentil vampire ne jouait plus.

— Tu ne peux pas m’épouser ! protesta-t-elle. Je… je suis une païenne !

De toute façon, c’était n’importe quoi. Je vais bientôt mourir. Et si je ne meurs pas, je réussirai à sauver mes sœurs…

Une brusque illumination lui coupa le souffle.

Si elle sauvait ses sœurs, elle changerait l’histoire. Jamais elle ne ferait la connaissance de Sébastian.

 

— Ah… Moi, j’étais catholique, autrefois, déclara-t-il, les sourcils froncés par la perplexité. Ça n’empêche pas que je veux toujours t’épouser.

Elle bondit du lit, rassembla ses affaires n’importe comment et les fourra dans son sac. Ne tremblait-elle pas, maintenant ?

— Écoute, Sébastian, tu veux savoir si tu me plais ? Oui, beaucoup. Je ne vais pas te mentir. La nuit dernière… c’était super. Je suis ravie de ce qui s’est passé. Mais ça ne veut pas dire que ça se reproduira. Et encore moins qu’on va se marier.

— Qu’est-ce qui pourrait bien te faire changer d’avis ?

— La certitude absolue que je veux passer l’éternité en ta compagnie. Quand on est immortel, il faut être très prudent avec ça, tu sais. Toi et moi, on n’avait jamais eu une vraie conversation avant ce matin. Et puis, je vais être franche avec toi : je ne te fais pas confiance. Je ne peux pas modifier en quinze jours les certitudes de toute une vie.

— Pourquoi ne pas juste essayer de vivre ave moi ?

— Parce que les vampires dans ton genre sont de véritables bombes atomiques. Une bombe ne pose pas de problème en elle-même. Les dégâts qu’elle peut infliger, si. Enfin bref, personne n’a envie d’en installer une dans son jardin.

— Donne-moi une chance de te prouver que tu te trompes.

— Dis-moi, Sébastian, tu as déjà vu un vampire de la Horde ? Parce que, si c’était le cas, tu comprendrais que je sois prête à tout pour ne pas me réveiller un matin à côté d’un de ces spécimens juste parce que tu seras sorti t’amuser un peu pendant la nuit.

— Jamais je ne te tromperais, protesta-t-il, avant d’ajouter : Et j’en ai vu, oui. Par tes yeux.

Se rappeler qu’il avait plongé dans ses souvenirs ne plut visiblement pas à Kaderin, qui faillit perdre patience, aussi continua-t-il :

— N’importe comment, tous les vampires ne se transforment pas de cette façon. Ça n’est pas arrivé à mon frère, par exemple, alors qu’il boit à même la chair.

Elle écarquilla les yeux.

— Exactement. Celle de Myst, hein ? Au temps pour les secrets de la maisonnée.

— Jamais il ne la trahirait.

Nikolaï avait bien des défauts, mais il n’existait pas plus loyal que lui.

— Admettons que tu ne te transformes pas. Si je t’accepte pour compagnon, nous n’aurons que deux avenirs possibles. Soit je renonce à ma famille, soit elle te tue. Point. Voilà ce qui nous attend.

— Mon frère et Myst…

— Deviendront des fugitifs dès le retour de notre reine.

— Furie ?

— Attends, laisse-moi deviner. Tu l’as vue aussi ?

— Oui.

Il se crispa.

— Elle t’a cassé le bras.

— Alors, tu sais que c’est une créature redoutable.

— Elle ne me fait pas peur, et je te protégerai.

— Elle devrait te faire peur, s’énerva Kaderin. Elle devrait faire peur à tous les vampires. La Horde l’a capturée et enchaînée au fond de l’océan il y a plus de cinquante ans. Elle a passé cinquante ans à se noyer périodiquement, toutes les quelques minutes, puis à être ressuscitée du fait de son immortalité. Personne n’a réussi à la localiser, mais maintenant, au moins, on sait ce qu’il en est. Quand on la délivrera, tu crois qu’elle fera la différence entre les deux armées de vampires ? Il n’y aura pas moyen de discuter. Parce que, tu vois, elle n’était pas franchement du genre calme avant de mourir je ne sais combien de millions de fois.

— On s’occupera du problème le moment venu.

— Arrête. Tu veux savoir ce que c’est, le deuxième pire défaut des mecs ? Celui que les femmes n’aiment pas ? La pression. Je réagis mal quand on me met la pression.

Elle ramassa son sac.

— Attends.

Il glissa jusqu’à Londres, prit avec précaution l’œuf sur l’étagère où il l’avait rangé puis se rematérialisa dans l’avion.

— Tiens.

— Ah, oui. (Elle se coinça une boucle derrière l’oreille avant de tendre la main.) J’allais te le demander.

— Menteuse.

Il savait intuitivement qu’il avait raison.

— Si.

Elle mit l’objet sur son cœur. Quand il disparut, les odeurs du temple envahirent un instant l’habitacle.

— J’allais en parler, reprit-elle, parce que je voulais savoir si tu avais tué les deux autres basilics.

Sébastian ne pouvait pas mentir. Elle allait le prendre pour un faible… mais tant pis. Il détourna les yeux en se passant la main sur la nuque.

— Il a fallu que j’en élimine un. L’autre… le plus petit… j’ai décidé de l’épargner.

S’il s’attendait à une réaction, ce n’était certes pas à une exclamation de frustration, accompagnée d’un doigt accusateur tendu vers lui.

— Évidemment ! lâcha Kaderin, écœurée. Bon, pars, reste… fais ce que tu veux. Moi, j’ai du travail.

La colère envahissait Sébastian. La compassion, ça existait.

— Tu aurais préféré que je les massacre tous les deux ?

— Non ! cracha-t-elle, sans baisser le doigt. Mais toi, bien sûr, il a fallu que tu te conduises noblement et… et tout ça, voilà. Tu es tellement… tellement… vampire !

Elle fronça les sourcils, puis il la vit littéralement se raccrocher à la pensée qui lui traversait l’esprit.

— Et tu aurais au moins pu me dire qui tu es !

Mais d’où sortait-elle une chose pareille, nom de Dieu ?

— Je t’ai dit mon nom la première fois qu’on s’est vus.

— Mais tu ne m’as pas dit qui tu es !

Il rejeta la tête en arrière, sidéré, tandis qu’elle quittait la pièce d’un pas rageur.

Elle partait, et il ne pouvait l’accompagner, alors même que la moindre fibre de son être l’y poussait. Le soleil allait même l’empêcher de la regarder s’éloigner. Une fois seul, il eut la nette impression d’avoir perdu une partie de son être. Quelque chose d’intrinsèque, d’essentiel.

Il se sentait prisonnier, frustré. Lorsqu’il assena un coup de poing dans le mur, la cloison céda. Je veux rester avec elle, nom de Dieu !

 

Désert de Gobi, Afrique, onzième jour

 

Prix : l’eau de la fontaine de Jouvence, nombre de prélèvements illimité, valant sept points chacun

 

Kaderin parcourut une trentaine de kilomètres avant de trouver l’oasis qu’elle cherchait. Sitôt sa bouteille vide cabossée d’Aquanna remplie à la fontaine de Jouvence, elle la porta à son cœur.

Toutes les créatures du Mythos savaient que la fontaine légendaire circulait à travers le monde de désert en désert. Pas question de la trouver dans les marais de Floride, par exemple. Ah, les conquistadors, avec leurs idées idiotes… Les Valkyries en hurlaient de rire, à l’époque.

Aujourd’hui, Kaderin se permettait un retour plus tranquille, en écoutant l’iPod de Regina, qui le lui avait laissé. C’était déjà assez désagréable de marcher dans le sable ; pas la peine de courir. Le soleil, véritable four à infrarouge, entretenait en permanence dans le désert 55°C déshydratants. Le sable, plongé dans les affres de l’agonie, sifflait rageusement en direction de l’astre impitoyable.

Enfin, l’un dans l’autre, ç’avait été une bonne journée. Kaderin était toujours en vie.

Ce matin-là, elle avait rappelé Nïx depuis la voiture, dans l’espoir de trouver la devineresse plus calme, capable de confirmer ses prédictions, mais la lucidité n’avait pas été au rendez-vous. C’était souvent le cas, avec Nïx. Elle s’était plainte sans interruption des « petits pliages bien alignés » et des « manuels d’explications débiles sur le Mythos ». Quant à sa vision de mort, elle ne s’en souvenait visiblement plus. Kaderin avait obligeamment fourni les commentaires requis : « Vraiment ? », « Oh, c’est mignon ! », « Tu veux bien me passer quelqu’un d’autre, s’il te plaît ? ».

Malgré le fardeau de la prédiction, elle n’arrivait pas à se sentir déprimée. Elle avait merveilleusement bien dormi la nuit précédente, imperméable aux cauchemars dans les bras puissants de Sébastian. Sans parler du plaisir qu’il lui avait donné.

De toute manière, que pouvait-on y faire, quand on savait qu’on allait mourir ?

Oui, un vampire lui avait donné du plaisir. Un guerrier, un gentleman, un vampire… assez fort pour éliminer les monstres qui la menaçaient comme il aurait brisé des brindilles, assez féroce pour déchaîner l’enfer contre eux, mais assez compatissant pour épargner un petit dragon.

Elle l’avait abandonné dans l’avion, désespéré par leur séparation… et, sans doute, déconcerté par les idioties qu’elle lui avait débitées. Tant mieux.

En arrivant au sommet de la dune suivante, elle se demanda si elle n’était pas en train de tomber amoureuse. Le moment aurait été particulièrement mal choisi. Trouver enfin un homme qu’elle pourrait peut-être aimer alors qu’elle n’avait aucun avenir avec lui…

Si elle ne mourait pas et si elle parvenait à sauver ses sœurs, elle changerait l’histoire – sa propre histoire. Jamais elle ne s’étiolerait dans une existence glacée, dépourvue d’émotions, ni ne se rendrait avec empressement dans un obscur château russe pour y tuer un unique vampire. Or, elle avait le pressentiment qu’elle ne le rencontrerait dans aucune autre réalité. Pas avant qu’il ne meure, d’une manière ou d’une autre.

Il y avait de quoi devenir folle, à essayer de tirer tout ça au clair.

Elle n’essaierait donc pas. Autant se repasser des scènes de la nuit précédente…

L’impression qu’il venait de glisser juste derrière elle la saisit soudain.

— Nom de Dieu ! entendit-elle, une seconde plus tard.

Déjà, il était reparti.

Sans la voir sourire.

La Valkyrie Sans Coeur
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